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vendredi 20 avril 2018

Macron face aux procureurs de presse. Un président n’aurait pas du faire ça

Jean Ansar ♦ Journaliste.

Combien a coûté la réfection du palais de Chaillot pour permettre à deux procureurs de presse de faire leur numéro médiatique ? Voilà une question que ni Bourdin ni Plenel n’ont posée à Emmanuel Macron. Les Français n’auront rien appris du président qui n’a fait que défendre son action. Ils auront cependant tout compris du pouvoir médiatique.


C’est Macron qui a choisi ses interlocuteurs. Il les a choisis caricaturaux. Était-ce voulu ?

Voulait-il montrer qu’il n’a pas peur de la presse ou prouver que la presse n’est pas objective ? Ce serait lui prêter une stratégie d’une grande finesse face à des médias qu’en fait il déteste.

Mais la démonstration voulue ou pas a été évidente. On a eu pendant plus de deux heures et demi la démonstration de l’intolérable suffisance du pouvoir médiatique.

Deux visages caricaturaux mais emblématiques du tribunal médiatique permanent. Deux journalistes tentant de faire un coup et de se valoriser par rapport à un président face à des petits procureurs.


Jean-Jacques Bourdin, c’est le visage de la vanité de presse. Le journaliste  pense faire l’opinion en jouant dans la cour des grands et en posant les questions qui gênent. Il a un point commun avec Edwy Plenel, il croit que ses questions sont plus importantes que les réponses. Il est un bon interviewer sauf que ce qui l’intéresse dans l’entretien ce n’est pas l’interlocuteur, c’est Bourdin.

Plenel c’est autre chose. C’est le visage haineux du journalisme gauchiste. C’est Robespierre et Saint-Just à la fois, à la recherche de têtes à faire tomber au nom de l’idéologie. Ses questions sont des réquisitoires engagés. Il aurait bien voulu transformer celui qui se prend pour Louis XIV en un Louis XVI dont la tête aurait roulé dans le panier trotskyste.

Mais Plenel est trop antipathique physiquement, avec un sourire fielleux aggravé par une moustache stalinienne pour avaloire une once de crédibilité d’objectivité. Macron a-t-il joué la-dessus en le choisissant ? Bourdin, lui, est plus convaincant, même si sa vanité professionnelle suinte dans ses questions.

Macron s’est-il mit en danger avec ces deux là ou les a-t-il choisi pour les discréditer ? On peut se poser la question : sacre du pouvoir médiatique ou démonstration de sa partialité ?

Personnellement, le président n’a rien prouvé surtout pas sur les armes chimiques du méchant Assad, mais rien perdu, il n’a pas cédé de terrain. La nature de la dérive d’un journalisme de spectacle ou d’engagement partisan a été mis en lumière comme jamais. Bourdin et Plenel n’ont pas réussi leur coup. Sont-ils tombés dans un piège au deuxième degré ? Sans doute pas. Macron semblait à la fin assez content de sa prestation et de celle de ses contradicteurs.

Le résultat cependant est le même. Les français n’ont rien appris de Macron mais ils ont peut-être tout compris des Bourdin et Plenel. Le journaliste qui doit poser des questions n’est pas un débatteur. Il doit aller au bout des questions que les Français se posent et ne pas vouloir imposer leurs choix personnels dans un faux entretien qui est un vrai réquisitoire.

Macron ne s’est pas rendu service. On s’en consolera. Il n’a pas rendu service au pouvoir médiatique. On s’en contentera.

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