Alors que l’Agence européenne pour la sécurité aérienne (EASA) a émis le 10 avril un message invoquant «de possibles frappes aériennes en Syrie dans les 72 heures à venir»,
et tandis que la résolution de la Russie demandant une enquête sur les
gaz toxiques en Syrie, prétexte des manœuvres guerrières, a été rejetée
par le camp occidental, mais soutenu par la Chine, les manœuvres s’intensifient en Méditerranée, au risque d’une confrontation directe avec la Russie.
Emmanuel
Macron qui, comme le fit Hollande en son temps, essaye de trouver dans
la guerre une diversion à ses problèmes intérieurs, s’est montré résolu à
risquer le déclenchement d’une troisième guerre mondiale tout en
tentant de se défausser de ses responsabilités par avance:
« En aucun cas les décisions que nous prendrions n’auraient vocation à toucher des alliés du régime ou s’attaquer à qui que ce soit mais bien à s’attaquer aux capacités chimiques détenues par le régime », a-t-il dit lors d’une conférence de presse commune avec le prince héritier d’Arabie saoudite Mohamed Ben Salmane, qui s’est dit pour sa part, prêt à prendre part à la curée. Macron a également précisé hypocritement que La France « ne souhaite aucune escalade ».
Ne reculant pas devant une approximation il a continué:
« Nous avons obtenu des informations, qui d’ailleurs ont été pour une large partie d’entre elles en source ouverte et donc dont la presse, les organisations non gouvernementales se sont fait l’écho, qui ont montré qu’il y avait bien eu utilisation d’armes chimiques et que de manière évidente l’attribution pouvait en être faite au régime », a-t-il affirmé.
Or les
informations en question proviennent des terroristes islamiques que sont
les "Casques Bancs", rejetés des USA comme indésirables en 2016, les
terroristes islamiques du Front Al-Nosra rebaptisé Jaïch al-Islam, et
l’Observatoire syrien des droits de l’homme, cette officine londonienne
qui travaille ouvertement pour les intérêts occidentaux et qui tire ses
informations des mêmes Casques blancs et consorts.
Macron englué dans les protestations sociales de tous bords
Le
président français, soucieux de faire oublier sa chute dans les
sondages de popularité et les multiples conflits sociaux qui se
cristallisent en France avec les étudiants, les zadistes de Notre-Dame
des landes, la protestation des auxiliaires de justice contre les
réformes, la grève des fonctionnaires et celle des cheminots, poursuit:
« Nous allons poursuivre les échanges d’informations techniques et stratégiques avec nos partenaires, en particulier britannique et américain, et dans les prochains jours, nous annoncerons notre décision », la « réponse (sera) forte et commune (avec Trump) au moment où la décision sera prise », a assuré le président français.
Il oublie juste de se soucier du refus du Conseil de Sécurité de l’ONU de leur accorder mandat d’agir dans ce sens.
Suite au véto de la Russie contre le projet américain d’enquête sur les
prétendues attaques au gaz de Douma en Syrie, Paris et Washington
menacent d’attaquer la Syrie et sont en train de disposer leurs
batteries d’attaques. Ce projet US était fondamentalement vicié du fait
qu’il mettait en préalable à l’enquête, dans le texte-même, la
désignation du coupable, par avance et sans discussion, c’est-à-dire, la
Syrie. Le projet russe qui ne mettait aucun préalable aux enquêteurs
n’a pas pu aboutir non plus, bien qu’il ait été soutenu par la Chine
notamment.
Comme
pour l’Irak et pour la Libye, les pays occidentaux prouvent qu’ils ne
se préoccupent des décisions du Conseil de sécurité de l’ONU que
lorsqu’elles les arrangent, ainsi les autorités françaises,
américaines et britanniques [nuancées aujourd’hui de la part des
Britanniques] , comme leur projet n’a pas abouti, se moquent des
décisions du Conseil de Sécurité de l’ONU dans leur soif d’embraser la
planète, leurs forces unies sous commandement américain dans l’OTAN.
Cela au profit des armes et pour abattre Bachar-el-Assad et s’emparer
des ressources syriennes, comme ils le firent en Irak et en Libye.
L’Armée française comme les armées américaines et britanniques
deviendraient ainsi des armées privées au service d’intérêts privés,
mais entretenues par les contribuables de ces pays respectifs.
Cependant M. Macron semble engager un peu rapidement les Britanniques à ses côtés, en effet, selon The Times, aujourd’hui:
«Theresa May a déclaré hier au Président Donald Trump que le Royaume-Uni avait besoin de plus de preuves de l’attaque chimique présumée qui aurait été effectuée par le régime de Bachar el-Assad avant de rejoindre une action militaire contre la Syrie».
Les
vélléités trumpo-macronesques ne seraient que la répétition du scenario
irakien mais avec la différence notable qu’à l’époque la France avait
refusé de faire le jeu des Américains comme elle le pouvait encore.
Une autre différence très notable est l’implication au premier rang de
la Russie au Moyen-Orient, dont elle était encore totalement absente au
moment de l’agression américano-britannique en Irak en 2003.
Depuis
Sarkozy, et plus encore depuis Hollande, l’armée française est devenue,
à l’instar de l’armée britannique, le bon petit soldat des USA. Regrettant son conflit manqué, François Hollande a soutenu son successeur: « La seule réaction possible est une frappe, ou des frappes ».
Toujours aussi nostalgique des vies qu’il a été forcé d’épargner en
2013, il a rappelé qu’à cette époque, la France était prête à l’attaque,
mais qu’il n’avait pas été suivi par Barack Obama et par David Cameron,
l’obligeant à renoncer. A noter que depuis Sarkozy, les présidents
français sont toujours au premier rang des plus déterminés à faire
couler le sang au Moyen-Orient, quittes à favoriser le terrorisme et
l’immigration islamique en France.
Le
président américain Donald Trump a aussi annoncé lundi une décision
« très bientôt », et d’ores et déjà le destroyer lance-missile USS
Donald Cook a quitté l’île de Chypre et son port de Larnaca pour se
positionner en Méditerranée pour frapper la Syrie, tandis que le
porte-avion USS Harry S. Truman a été envoyé en « mission » «au Moyen Orient et en Europe», le 11 avril. Donald Trump, pas à une outrance prés, qualifie le président syrien d’« animal ».
La Russie prête à protéger la paix mais sans faiblesse
Ces dernières semaines, Moscou avait déjà mis en garde
à plusieurs reprises contre la préparation d’attaques sous faux drapeau
dans la Ghouta. Le 17 mars, le général et porte-parole de l’état-major
russe, Sergueï Roudsksoï, avait ainsi rapporté que la Russie disposait «d’informations fiables selon lesquelles des instructeurs américains [avaient] formé
plusieurs groupes de combattants dans les environs de la ville
d’Al-Tanf, pour lancer des provocations impliquant des armes chimiques
dans le sud de la Syrie».
L’
ambassadeur russe à l’Onu, M. Vassili Nebenzia, a mis à jour, hier, à
l’ONU, de l’hypocrisie du camp occidental dans son rejet d’une enquête
préalable pour connaître les raisons réelles de l’intoxication au gaz
qui a eu lieu à Douma prés de Damas, qui pourrait, comme pour l’affaire
Skripal à Londres, avoir été fomentée par des agents spéciaux
britanniques ou Américains comme cela semble avoir été le cas
précédemment:
«Vous dites que nous sommes bons au jeu. Je n’en suis pas sûr. En revanche, je sais que vous êtes bons dans les menaces. Les menaces que vous énoncez maintenant à l’égard de la Syrie doivent fortement nous préoccuper, parce que nous pouvons nous retrouver au seuil d’événements extrêmement tristes et graves. Je vous demanderai une fois de plus de renoncer aux projets que vous fomentez visiblement à l’égard de la Syrie», a dit le diplomate.«Le fait que vous n’ayez pas adopté la résolution témoigne, à notre grand regret, que nos partenaires et collègues américains n’ont besoin d’aucune enquête. Nous regrettons que cette résolution (proposée par la Russie, ndlr) n’ait pas été adoptée. Mais j’espère que la mission de l’OIAC se rendra bientôt en Syrie et s’occupera de ce dont elle doit s’occuper en vertu de son mandat, à savoir l’établissement des faits qui ont eu lieu à Douma», a poursuivi M.Nebenzia.L’initiative russe prévoyant l’envoi de spécialistes de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) dans la ville syrienne de Douma, qui avait prétendument subi une attaque chimique samedi dernier, n’a pas obtenu le nombre minimal requis de voix. Deux membres permanents du Conseil, la Russie et la Chine, ont soutenu la proposition, ainsi que trois autres pays: la Bolivie, l’Éthiopie et le Kazakhstan. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France (membres permanents), tout comme la Pologne, ont voté contre le document. Six pays ont préféré s’abstenir.
Aujourd’hui , face à l’intensification des manœuvres guerrières occidentales, l’ambassadeur de Russie au Liban, Alexandre Zassipkine, a prévenu: «La
Russie va exécuter la déclaration de son Président, relative à toute
agression américaine contre la Syrie, en abattant des missiles
américains et en attaquant les sites de lancement», a déclaré le
diplomate à la chaîne al-Manar. Ce qui signifierait, non seulement la
neutralisation des missiles mais aussi des frappes en retour contre les
sites d’attaques américains.
De son côté, la Syrie, elle-même partisane d’une enquête sur le terrain se montre quelque peu blasée:
«Les allégations d’utilisation de produits chimiques sont un vieux refrain que ne croient que certains pays qui commercent avec le sang des civils et soutiennent le terrorisme en Syrie. Chaque fois que l’Armée arabe syrienne avance dans sa lutte contre le terrorisme, des allégations d’utilisation d’armes chimiques sont utilisées comme une excuse pour prolonger la vie des terroristes à Douma», a déclaré le ministère syrien des Affaires étrangères à l’agence Sana .
Au moment
où s’est produite la prétendue attaque chimique dans la Ghouta
orientale le 7 avril, plus de 90% de ce territoire avait été repris par
l’armée syrienne. Une petite partie encerclée et sans possibilité de
secours extérieurs était encore détenue par le groupe islamique soutenu
par les Occidentaux, Jaïch al-Islam [ex Front al-nosra]. Celui-ci
s’était déjà opposé à une évacuation humanitaire, en pilonnant le
6 avril dernier les couloirs humanitaires. Il est fort probable que les
roulements de tambours, les tartarinades de Donald Trump et les
déplacements de canons et autres portes-avions sont destinés à protéger
et laisser le temps de souffler aux supplétifs islamiques des alliés
occidentaux, sans préjuger cependant des suites que tout cela pourrait
entrainer. Ces combattants formés et expérimentés sont destinés à servir
encore et il ne faudrait pas décourager les bonnes volontés pour
d’autres conflits. Car sans conflits comment le complexe
militaro-industriel de très loin le plus puissant de la planète, celui
des USA, pourrait-il prospérer ? Dans ce cadre une extension du conflit
n’est pas à prendre à la légère.
Bachar-el-Assad a gagné la guerre!
Il ne
faudrait pas se faire une fausse idée d’une Syrie à feu et à sang au vu
des images plus ou moins vraies qui sont présentées sur les télévisions
dans les petites poches de guerre qui subsistent encore sur son
territoire.
En
réalité au bout de six ans de conflit, la Syrie avec à sa tête
Bachar-el-Assad, a gagné la guerre et la grande majorité de son
territoire est actuellement en paix et de nombreux Syriens qui étaient
partis ont réintégré leurs foyers. Non, Bachar-el-Assad ne sera pas
chassé du pouvoir, du moins pas par les armes!
Même si
la Russie, la Syrie et dans une certaine mesure l’Iran, s’efforcent à la
modestie dans leur incontestable victoire afin de ne pas exciter les
rancunes et les envies, c’est tout-de-même une excellente nouvelle que
les États-unis et leurs alliés ont énormément de mal à digérer; malgré
leurs énormes stocks de « missiles nouveaux, beaux et intelligents »(dixit Trump), il faudra bien qu’ils finissent par l’admettre.
Tentative d’intimidation seulement ?
Il est
possible que le retrait amorcé du Royaume-uni ne soit que le prétexte
concerté pour renoncer à l’attaque, du fait que la Russie loin de se
désolidariser de la Syrie a au contraire manifesté qu’elle ne cèderait
rien et même qu’elle était prête à la riposte. Et qu’en plus elle a eu
l’appui à l’ONU de la Chine, deuxième ou troisième grande puissance
montante avec ses milliards d’habitants. La Chine, plus l’Iran, plus la
Russie et beaucoup d’autres, cela risque de faire beaucoup de monde à
affronter, sans compter les risques d’une extermination nucléaire jamais
à exclure totalement dans la fièvre d’une lutte à mort… Car en effet,
Teresa May semblait très déterminée jusque-là à emboiter le pas des deux
va-t-en guerre de France et des USA, l’affaire Skripal ressemblant fort
à des prémices. Son brusque rétro-pédalage ne semble donc être qu’une
manoeuvre de plus, mais pour ouvrir une fenêtre à un renoncement à la
guerre. Les manœuvres guerrières feront-elles flop en Méditerranée ?
nous le saurons très vite.
Emilie Defresne .